Le Plateau de Beille - 1780m

 

Le plateau de Beille est niché au cœur des Pyrénées ariégeoises, entre la Nationale 20, bruyante voie de passage pour les touristes allant en Andorre, et les montagnes frontalières de l'Espagne, milieu naturel d'exception associant le calme et les paysages de toute beauté.

Très connu par les pratiquants de ski de fond en hiver et par les randonneurs en été, ce site a connu un essor médiatique important depuis 1998, date à laquelle il a accueillli pour la première fois une arrivée du Tour de France.
Sa valeur ne s'en dément pas, puisque le Tour est revenu à trois reprises déjà, en 2002, en 2004, puis en 2007 la dernière fois.

Il est vrai que l'ascension du Plateau de Beille à vélo demeure assez difficile, cette montée sèche étant considérée par beaucoup comme étant le pendant de l'Alpe d'Huez dans les Pyrénées.

L'avenir le confirmera… Cependant de grandes heures de l'histoire du Tour se sont déjà écrites sur ces pentes, chaque vainqueur au Plateau de Beille (Pantani, Contador et un doublé d'Armstrong) ayant ensuite gagné le Tour.

L'ascension de 16 kilomètres débute aux Cabannes, petit village ariégeois situé juste au sud de la Nationale 20, à 535 mètres d'altitude. La dénivellée totale est de 1245 mètres, soit 7,80% de pente moyenne.

La place principale aux Cabannes permet au possesseur d'un polluant de parquer celui-ci avant de débuter la montée sur le vélo, montée qui ne tarde d'ailleurs pas à arriver puisque la pente commence à s'élever moins de 50 mètres plus loin…

Les premiers lacets mettent directement dans le vif du sujet, avec une pente d'un peu plus de 6%.

On remarque immédiatement la nature quasi parfaite du revêtement, du au fait que la route n'existe que depuis quelques années seulement.
Ce revêtement est d'ailleurs plus agréable que l'enrobé très gravillonné que l'on retrouve souvent sur les routes de montagne en Ariège, notamment lorsque l'on franchit les cols de Portet d'Aspet et d'Agnes, et qui présente l'inconvénient majeur de fondre très rapidement lorsque les températures s'élèvent. Les cloques qui se forment alors et sur lesquelles on roule ensuite produisent de désagréables claquements qui font croire à chaque instant que l'on vient de crever.
Heureusement, le revêtement est ici bien meilleur.

Très vite les virages sont plus resserrés, et il devient plus difficile de passer à l'intérieur.

L'essentiel de la montée débute vraiment ici où, 12 kilomètres durant, le pourcentage moyen oscillera invariablement entre 8,7 et 8,8%.

Petit parrallèle avec l'Alpe d'Huez, des marquages au sol permettent de suivre le compte du nombre de virages franchis. Plusieurs personnes différentes ayant eu la même idée, et chacune ayant fait le maximum pour que seul son décompte reste visible, il est parfois difficile de lire le numéro du virage.
Et le décompte par ordre croissant est bien moins parlant que dans l'Alpe d'Huez, où l'ordre décroissant permet de vraiment bien mesurer où l'on en est dans la montée et le chemin qu'il reste à faire.

Autre moyen de se guider dans la montée : les fameux panneaux disposés chaque kilomètre - tradition pyrénéenne très appréciée - et qui indiquent le pourcentage du kilomètre à venir, le nombre de kilomètres effectués, ainsi que l'altitude.

L'implantation des panneaux reflète bien la distance, chaque panneau étant vraiment un kilomètre après le précédent (ce n'est pas toujours le cas, comme dans le Tourmalet par exemple, où j'ai vu 3 panneaux en 1,6 kilomètre seulement - où étaient les 400 mètres restants ??)

Malheureusement, la notoriété de cette montée, et le système de fixation aléatoire fait que certains panneaux ont été démontés et emportés comme souvenir, rendant perplexe le cycliste qui ne demande qu'à terminer son kilomètre à 9%, et qui commence à se demander si son compteur fonctionne vraiment bien quand il n'a vu aucun nouveau panneau plus de 1000 mètres après le précédent…

Il y a très peu de replats, donc peu de possibilités de se reposer. La chaleur peut également être de la partie. L'ombre étant rare une grande partie de la journée, les lunettes de soleil seront de précieuses alliées.


Au fur et à mesure que la route s'élève, le paysage se dégage, dévoilant des panoramas variés, alternativement à l'ouest, à l'est ou au nord.
Au nord justement, on distingue aisément la montagne de Tabe et le Pic de Saint Barthélémy. Juste au dessus de la route des Corniches apparaît la fameuse carrière de talc de Trimouns, qui fête cette année le centenaire de son exploitation.

L'ascension se poursuit, et l'on arrive bientôt à la Cabane de Pierrefitte. Ce passage marque l'endroit où la route bitumée s'arrêtait initialement, avant d'être ensuite goudronnée jusqu'au pied des pistes de ski de fond de la station de Beille.

Le paysage change, puisque la route sort de la forêt, et entre dans une zone d'alpages où la vue est bien plus dégagée. On aperçoit sur la gauche un peu plus haut la route avec les contreforts de la station.
La pente devient plus accessible, et on peut rajouter un peu de braquet sur les 2/3 derniers kilomètres, qui tutoient les 7%.

L'arrivée à la station de Beille est marquée par une immense zone goudronnée, de la taille d'un terrain de foot, utilisée en hiver pour le stationnement des véhicules des skieurs, et un jour en juillet pour l'arrivée de l'étape du Tour de France (et d'autres randonnées cyclotouristes comme l'Ariégeoise par exemple).

A l'instar de quelques autres stations pyrénéennes (Hautacam, Luz-Ardiden), le cycliste découvrant l'endroit sera surpris de ne découvrir ici qu'un seul bâtiment, mais aucun chalet, immeubles ni commerces.
Voici un bel exemple d'intégration d'une station de ski dans le paysage sans dénaturer celui-ci.

L'été, le parking est pris d'assaut par les badauds et les randonneurs, l'endroit étant propice aux randonnées, le GR 10 passant même à proximité.

La route se transforme rapidement en piste, qui continue à travers le plateau de Beille, peuplé de chevaux et d'autres animaux en liberté.

Vous abandonnerez ici les insectes voraces qui vous auront accompagnés une grande partie de la montée en cas de vitesse ascensionnelle trop lente.

Il ne reste plus qu'à contrôler une ultime fois le bon fonctionnement de ses freins et la fermeture de son casque avant d'attaquer une descente relativement roulante, où les records de vitesse seront tentants tant le revêtement est de qualité.
A condition bien évidemment de maîtriser sa vitesse et d'être très prudent…

copyright 2005 (texte écrit par Olivier D.).

Vous avez déjà fait cette ascension, et souhaitez réagir ? N'hésitez pas à me faire part de vos impressions.

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