Le Grand Ballon - 1424m

 

Lorsqu'on va en Alsace pour faire du vélo, LE défi le plus naturel à relever est l'ascension des principaux ballons des Vosges.
Au cours de récentes vacances passées dans cette région au mois d'avril, j'ai donc décidé de m'y frotter à mon tour.

Il y a 4 ballons principaux : le ballon de Servance, le ballon d'Alsace, le petit ballon et le grand ballon (aussi appelé le ballon de Guebwiller).

Les 3 premiers ont été acquis sans difficulté particulière, avec en prime la satisfaction d'avoir quasiment la route pour soi tout seul, à l'exception toutefois du ballon d'Alsace, situé sur une route plus fréquentée. Mais il est vrai qu'à cette époque de l'année, les pistes forestières et petites routes de montagne ne sont guère prises d'assaut par les touristes, encore moins en semaine.

Une fois ces 3 ascensions avalées en guise de hors d'œuvre, vient ensuite le plat de résistance avec la montée du grand ballon.
C'est celui des 4 qui est le plus difficile, le plus haut, avec le pourcentage moyen le plus élevé. Pour la pente maximum, pas de vainqueur, mais une égalité parfaite pour chaque ballon avec à chaque fois au moins un secteur à 11%.

Seul petit problème, en ce début de saison, le sommet des 3 premiers ballons avaient pu être atteint, mais à chaque fois avec pas mal de neige sur les bas-côtés de la route. La palme est d'ailleurs revenue au ballon de Servance : au sommet, la route redescendant côté est était totalement impraticable, recouverte par environ 1 mètre de neige. Bigre ! Alors qu'on n'arrête pas de voir à la télé des images de responsables de stations de ski qui prient pour avoir de la neige, voilà qu'ici, il y en a, mais sans remontées mécaniques à côté….

Or, le grand ballon avec ses 1424 mètres d'altitude est situé presque 200 mètres plus haut, sera-t-il possible d'y accéder ??

A défaut, la série des ballons ne sera pas complète, et nécessitera lors d'une prochaine venue en Alsace de trouver une place pour le vélo dans le coffre de la voiture, afin de retenter ma chance.
Problème, je n'ai pas prévu pour l'instant d'y revenir tout de suite, les cols Suisse et les Dolomites exerçant sur moi un pouvoir d'attraction particulièrement tenace !
J'espère donc pouvoir passer coûte que coûte !

Afin de mettre le maximum de chances de mon côté, je décide de tenter le grand ballon par l'un de ses versants sud. Avec l'exposition au soleil, c'est le versant qui a le plus de chances d'être accessible en début de saison.
Le sommet est en partie masqué, mais les quelques aperçus que l'on peut en avoir ne sont pas très engageants : du blanc partout !

Le départ est donc fixé à Willer sur Thur, localité atteinte après avoir emprunté en voiture la petite route venant de Cernay, et passant par le col Amic. A cet endroit, les 2 routes d'accès par le versant sud n'en forment plus qu'une, qui pénètre dans la forêt pour monter plein nord jusqu'au sommet du grand ballon.

J'avise 2 cyclistes qui viennent à peine de déboucher de la forêt, mais ils redescendent à tombeau ouvert, je ne peux donc pas leur demander si le passage est dégagé jusqu'au sommet.

Une fois garé à Willer sur Thur, et le vélo sorti du coffre, l'ascension débute assez tranquillement. La pente n'est pas trop forte (4 à 5%), et le temps pas trop froid.

Peu de temps après la sortie de la ville, deux panneaux se succèdent : un pour signaler que des batraciens sont susceptibles de traverser la chaussée (!), et l'autre indique l'état des routes. Bonne nouvelle, le col Amic est ouvert (mais ça, je le sais déjà car j'y suis passé en voiture auparavant !), mais surtout le grand ballon est ouvert également.

Le ciel est assez couvert. J'essaie de ne pas penser à la pluie qui essaie de pointer le bout de son nez. Après tout, je préfère presque une douche et arriver au sommet que du soleil et une route bloquée par la neige !

La pente s'élève progressivement. Pas de portions vraiment difficiles, on navigue entre 5 et 6%. Dès la sortie de Willer sur Thur, on se retrouve directement en pleine nature, sans maisons isolées, sans hameau.. juste de la verdure.

Après quelques hectomètres sur une toute petite route départementale globalement bien revêtue, la verdure devient moins touffue et laisse apparaître le petit village de Goldbach. Ce village, qui tire son nom d'une rivière poissonneuse en truites, est l'un des plus élevés d'Alsace (695m d'altitude).

Peu après, on continue de monter tranquillement, pour arriver à la bifurcation près du col d'Amic. Et un col supplémentaire à mon palmarès du club des cent cols !!

A cet endroit, la vue est plus dégagée, mais le ciel est toujours aussi menaçant.

La route du grand ballon est celle de gauche. Après 2 ou 3 lacets dans les bois sur des pentes un peu plus abruptes, on passe 2 épingles dont le virage est constitué d'un revêtement pavé. Sensation étrange qui rappelle subrepticement l'ascension du col du Saint Gothard par le Val Tremola.

La végétation est tellement touffue que l'on se retrouve parfois sous un tunnel de verdure, qui procure un abri salvateur bienveillant en cas de pluie ou de forte chaleur.

Peu après, vers 1050 mètres d'altitude, la route sort de la forêt et évoluera jusqu'au sommet entre des plaines couvertes de neige.
Au loin, on aperçoit beaucoup plus bas de grandes étendues multicolores, la vue est très dégagée, surtout bien sûr lorsque l'horizon est bien visible, ce qui n'est malheureusement pas le cas aujourd'hui. Vers l'est, on distingue la vallée du Rhin, entre les montagnes vosgiennes et les premiers contreforts de la forêt noire allemande.

Face à soi, les installations et le radar du grand ballon se découvrent. On voit également des remonte-pentes sur la droite.
Surprise : il y a beaucoup de neige, beaucoup plus en tout cas qu'on ne pouvait l'imaginer en voyant le sommet depuis le fond de la vallée.

Question nuages, toujours le statu quo, ça a l'air de tenir bon. Tant mieux !
Je n'ai pas regardé les prévisions météo la veille, ce ne sera donc pas aujourd'hui que je pourrais commenter les bonnes ou mauvaises prévisions annoncées !

Il ne reste alors plus que 2 kilomètres environ avant d'arriver au sommet. Les difficultés sont ici plus importantes, car la route est constituée de plusieurs parties assez rectilignes. On prend donc la pente en pleine figure, ce qui traduit en chiffres donne du 9, voire du 10%.

Après un virage sur la droite et une dernière ligne droite de 500 mètres, copieusement garnie en places de parkings de chaque côté, voici enfin le panneau symbolisant la fin de l'ascension.

L'altitude terminale est finalement un peu inférieure au 1424 mètres du grand ballon, étant donné que la route ne va pas jusqu'au sommet. On se contentera donc des 1343 mètres marquant le point culminant de la route ! Cela fait tout de même presque 1000 mètres de dénivelée, ce qui n'est déjà pas si mal !

Le panorama est assez grandiose, car la vue porte quasiment à 360°, et le sommet est le point culminant des Vosges. C'est un peu comme au sommet du Puy de Dôme, où l'on voit la plaine beaucoup plus bas quasiment de tous les côtés.

La vue est globalement plus dégagée que pour les 3 autres ballons, car pour ces derniers, leur altitude plus basse, et leur emplacement dans des zones vallonnées constituées de crêtes d'altitude semblable limitent quelque peu les perspectives.

Je me rends compte que j'ai eu du nez de monter par ce versant en regardant la route redescendre du côté nord, puisque celle-ci est complètement bloquée par la neige moins de 100 mètres après le sommet.

Cette montée aura finalement été une réussite et en plus, elle se sera déroulée au sec en totalité (mais ça n'aura pas été le cas dans la descente, l'orage m'ayant cueilli à environ 3 km de la fin de la descente. Ca m'apprendre à rester trop longtemps au sommet à prendre des photos !).

Faire une montée sur une route à peine déneigée est finalement un moment rare mais plutôt agréable lorsque l'on fait du vélo. Les paysages sont très différents de la même montée faite en été, mais aussi les odeurs, la végétation, bref, l'ambiance, tout simplement….

copyright 2007 (texte écrit par Olivier D.).

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